Voilà plus de vingt ans que cette artisan-entrepreneure travaille le verre pour sublimer la lumière. Son métier : créer et réparer des vitraux et des dalles de verre. Un savoir-faire ancestral, crucial pour l’entretien de notre patrimoine et la sublimation des constructions nouvelles ou à rénover. Depuis début décembre, l’atelier qu’elle a créé au sortir de sa formation a pris place au Viaduc des Arts, dans le 12e arrondissement de Paris.
Une révélation. C’est ce qu’a vécu Nolwenn Chassin de Kergommeaux la première fois qu’elle a travaillé le verre auprès d’un maître-verrier parisien, à la fin des années 1990. Avant cela, rien n’était encore sûr. « Après m’être essayé à l’économie sans conviction, j’ai souhaité devenir tailleuse de pierre », raconte-t-elle.
Un choix de carrière qui peut surprendre, mais qui était parfaitement réfléchi. « Pendant mon adolescence, j’ai eu la chance de restaurer bénévolement des monuments historiques. J’ai passé trois de mes étés dans la commanderie des Templiers de Coulommiers, en Seine-et-Marne, et je voulais en faire mon métier. Mais en me renseignant sur les formations à suivre, je me suis rendue compte que c’était assez fermé aux femmes. Alors, je me suis rabattue sur le vitrail. »
Loin d’être un simple second choix, cette nouvelle orientation est aujourd’hui devenue une véritable passion. « Tout de suite, je suis tombée en extase », confie celle qui a préféré sauter la case « formation théorique » pour aller directement à la pratique, en se formant sur le tas auprès d’un artisan maître-verrier professionnel, basé dans le XVe arrondissement de Paris.
Après sa formation, Nolwenn Chassin de Kergommeaux a travaillé pendant deux ans pour des vitraillistes parisiens, avant de créer son propre atelier. « Je viens d’une famille d’entrepreneurs, alors cela m’a semblé naturel de franchir à mon tour cette étape. » Son atelier Au Passeur de Lumière est né en 2001 et a fêté ses vingt ans l’an dernier.
Au fil du temps, il a gagné en notoriété et a su se faire une place en tant qu’atelier « nouvelle génération ». « En France, il existe des ateliers qui sont issus de cinq générations de maîtres-verriers – ceux-là travaillent souvent sur de gros projets comme la restauration de Notre-Dame par exemple –, d’autres moins anciens, et puis il y a les nouveaux, comme nous », résume la maître-verrier. Ce qui n’empêche pas d’avoir de nombreuses demandes.
En vingt ans, Au Passeur de Lumière a participé à de nombreux projets. « L’un des plus marquants est probablement la restauration des 54 mètres carrés de vitraux de l’hôtel Shangri-La, qui a mobilisé une année de travail sur un bâtiment exceptionnel. Mais il y en a eu d’autres : de magnifiques verrières du XVIIIe siècle, des chapelles funéraires et puis des projets chez des particuliers, en collaboration avec des architectes d’intérieur, qui nous permettent de toucher à tout, de l’art déco au contemporain en passant par le floral… »
Aujourd’hui, Nolwenn Chassin de Kergommeaux travaille à passer le flambeau, pour que ce savoir-faire perdure. Chaque année, huit stagiaires viennent suivre dans son atelier une formation pratique. Depuis 2013, Au Passeur de Lumière propose également des formations à des personnes en reconversion. « Ce sont des gens de tout profil, qui en avaient assez de leur métier et voulaient faire une activité manuelle, d’anciens salariés licenciés lors de plans sociaux ou même des cadres victimes de burn-out. »
Depuis début décembre, une nouvelle page de l’histoire s’est ouverte pour l’atelier Au Passeur de Lumière, avec son installation au Viaduc des Arts, un ancien viaduc ferroviaire de la ligne Vincennes-Bastille rénové dans les années 1990 par la Semaest et qui accueille aujourd’hui une quarantaine d’artisans. Un renouveau, après avoir été contraint de déménager Porte de la Villette suite à l’incendie des locaux voisins du sien, il y a deux ans.
« Nous sommes ravis de revenir dans le XIIe arrondissement, surtout dans ce local de plus de 200 mètres carrés parfaitement aménagé pour notre activité. Et puis, nous avons été merveilleusement accueillis par nos voisins artisans d’art. Il ne nous reste plus qu’à peaufiner notre installation, avec un beau lettrage vitrine par exemple. Nous sommes déjà prêts à nous remettre au travail et à accueillir tous les curieux qui voudraient en apprendre plus sur notre métier. »
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Au Passeur de Lumière
5 avenue Daumesnil, Paris 12e
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