Cet ancien étudiant en cinéma et musique a passé près de deux ans en parallèle de ses études à travailler dans la restauration. Pourtant, le voilà aujourd’hui dans un tout autre univers, à la tête de sa propre entreprise d’entretien et de réparation de vélos. Une reconversion express motivée par plusieurs facteurs, dont la crise provoquée par la pandémie de Covid-19.
Dans sa nouvelle boutique « Perry Féérique » de la rue Laghouat, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, Mattéo Scialom n’arrête pas. « Depuis que nous sommes ouverts, nous affichons complets », explique-t-il. Pris de vitesse par les demandes des habitants du quartier ou des personnes qui travaillent dans les environs, Mattéo Scialom s’est aménagé un petit coin atelier où il répare et personnalise des vélos. Réglage de freins, graissage des roulements, changements de pièces, réparation de crevaisons… Le jeune entrepreneur fait tout pour leur donner une seconde jeunesse. « Bientôt, j’aménagerai un véritable atelier de 10 à 15 mètres carrés devant la vitrine, pour que les clients puissent me voir en train de travailler. Un peu comme le font certains restaurants aux cuisines ouvertes », poursuit-il.
Justement la restauration, Mattéo connaît bien. Avant le premier confinement de mars 2020, il envisageait sérieusement de faire son trou dans le secteur, conscient que le domaine qu’il étudie offre peu de débouchés. Mais avec l’arrivée de la Covid-19 et des fermetures imposées d’établissements, il a dû se réinventer. « J’ai commencé à proposer de réparer des vélos. J'avais déjà travaillé pendant quatre ans dans un magasin spécialisé et fait de nombreuses randonnées à vélo, j’avais donc acquis les compétences nécessaires. J’ai monté ma micro-entreprise et vite enregistré des demandes », raconte-t-il.
Le succès est tel qu’il cherche à ouvrir son propre point de vente. « Ouvrir un commerce de proximité comptait beaucoup pour moi, confie-t-il. Dans mon travail, la relation client est essentielle. Je prends en effet le temps de conseiller et d’informer quant à la provenance des pièces et l’intérêt de réparer plutôt que de jeter. En même temps, je suis passionné par l’artisanat et les alternatives à l’industrialisation de masse. C’est pourquoi, autant que possible, je privilégie le réemploi et partage ma vision autour de moi. »
Réparer des vélos n’est donc pas un simple métier pour Mattéo Scialom. C’est aussi une façon d’apporter sa pierre au changement à l’œuvre dans nos sociétés. « Faire durer la matière, voilà mon but. Quand je réussis à redonner vie à un vélo cassé, je suis heureux. Et je pense que petit à petit, de plus en plus de personnes apprendront à réparer plutôt que jeter et à retrouver du respect pour la matière. »
Si la boutique Perry Féérique n’a pas désempli pendant son premier mois d’ouverture, c’est bien entendu en partie grâce au soutien de l’Etat via son « Coup de Pouce Vélo réparation ». Ce dispositif – en vigueur jusqu’au 31 mars 2021 – donnait une aide de 50 euros pour tout particulier souhaitant faire réparer son vélo chez un professionnel référencé. Il a largement été utilisé puisque plus d’1,4 million de personnes y ont eu recours en moins de 10 mois d’existence. Mais Mattéo Scialom en est sûr : « l’engouement pour le vélo est bel et bien là et a un bel avenir ». Alors, aucune raison de rétropédaler.
Perry Féerique
32 rue de Laghouat
75018 Paris
perryfeerique.fr
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